vendredi 17 juin 2016

La caresse des arbres : il est sorti !

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La caresse des arbres

Un petit extrait :


" La coque, avalée par la vase, s’enfonce au fil des années. Les crues lissent, dépersonnalisent pour en gommer l’origine humaine. La forêt qui y pousse, prends de l’ampleur, étend ses ramures au-dessus du courant, pousse ses racines jusqu’à en arracher les planches de bordé. Celle que j’avais découverte voilà vingt-ans lors de ma descente de l’Adour, s’efface puis se renouvelle de la terre qui la nourrit. Bientôt, l’Adour comptera une nouvelle île.


Cette rencontre m’a incité à m’intéresser aux vestiges d’embarcation, passant beaucoup de temps sur mon canoë explorant les affluents ou sous les eaux parfois turbides du fleuve à tenter de retrouver les squelettes de bois d’une époque révolue. La forêt est toujours présente dans mon esprit, en partant à la recherche de ces arbres couchés par l’homme pour devenir des moyens de transport fluviaux. Je crois même pouvoir dire que les embarcations qui me touchent le plus, sont ces rares « pirogues » que l’on appelle localement chalands monoxyles. Fascination pour ces fûts de chêne aux proportions suffisamment homogènes pour y creuser une barque capable de porter hommes et marchandises. Aujourd’hui, on ne trouve plus guère de chênes vénérables capables d’accueillir le corps d’une embarcation, abattus trop tôt pour devenir géants des Barthes. J’aime à découvrir ces épaves, les ausculter, les dessiner, et tenter de redécouvrir leurs fonctions premières, leur nom, leur propriétaire des siècles passés… Souvent, les épaves ne sont plus que débris, la coque démantelée par le temps et le courant se retrouve essaimée sur des centaines de mètres en aval. Parfois une découverte fascinante survient qui nous plonge plus profondément encore dans les méandres de l’Histoire.


Ce jour-là, nous sommes six à ausculter une plage de sable dévoilée à marée basse. Un peu plus bas, la carcasse d’un couralin achève de s’ouvrir comme un fruit trop mur. Il n’en restera rien après une dizaine de saisons accompagnées de ses crues hivernales. Philippe, bloc de plongée sur le dos, ausculte le lit du fleuve à tâtons, Jean-Jacques et Julien scrutent le sable à la recherche du moindre vestige apparent. Patrick, quant à lui, son éternel bâton à la main, furète à la lisière de l’eau qui s’échappe au fil de la marée. Ces recherches archéologiques sont bien entendu liées à ma passion pour l’Histoire, mais plus encore, au cadre naturel qui m’entoure. L’Adour est un fleuve majestueux, profondément sauvage, sans demi-mesure, lorsque l’on quitte l’urbanisation riveraine : ses Barthes indomptées, zones inondables à la faune et la flore d’une richesse qui touche à la magie. Ses rives à la végétation dense, voile protecteur. Ses secrets divulgués à chaque coude. J’ai plaisir à m’y plonger, même si pour certains, l’eau, chargée de particules en suspension et à la qualité douteuse, n’invite pas au corps à corps. Je savoure toujours avec délice ce que l’Adour peut m’offrir, la tombée du jour et l’éveil de la vie sauvage, bruissements, appels stridents, plongeons, clapots... L’onde qui ouvre la peau du fleuve lorsqu’un poisson en goûte la surface. L’Adour invite à la rêverie, la nonchalance, l’Adour aide à l’introspection.


Patrick me hèle de sa voix qui porte, je le vois s’agiter au loin avec de grands mouvements de bras. Patrick est un homme du fleuve, né sur ses rives, il y passera sa vie entière, curieux de tout, avec ce plaisir intarissable de la découverte d’un enfant de soixante ans. L’Adour pour lui, rime avec Amour, et il aime en parler, le partager tantôt avec passion, tantôt avec malice, mais toujours avec générosité. En m’approchant de lui je devine dans ses yeux une lueur d’exaltation, il me montre du doigt une section de bois qui affleure la surface de la plage de graviers. Non pas une branche, mais une planche percée de petits trous circulaires de la taille d’un doigt. Sous nos mains, nous sentons la planche se prolonger sur des mètres… Epave, le mot est lancé. Nous reviendrons une fois les autorisations administratives en main pour mettre au jour cette mystérieuse relique. Ce jour nous l’attendons avec une impatience que nous peinons à dissimuler".





dimanche 5 juin 2016

Saligues de l'Adour

Balade dans les saligues du Pays grenadois, entre Cazères-sur-Adour, Renung et Bordères-et-Lamensans. Peu de monde sur le chemin aménagé, il faut dire que les 27° de l'après-midi, n'incitent pas à une longue promenade.
Lac côté Cazères
Le chemin s'enfonce par endroit dans une végétation plus dense ponctuée de plans d'eau. Du côté de Cazères, un vaste lac et, proche de la berge, une tonne à canard entourée de dizaines de "formes". Au dessus de moi, frênes, saules, aulnes et peupliers majestueux.
Vers l'aval

Vers l'amont
Sur les rives de l'Adour tapissées de galets, c'est un pur instant de quiétude. Je me trouve un endroit caché et à l'ombre, entre des troncs flottés pour observer le ballet des oiseaux venus se nourrir entre les galets.