dimanche 22 mars 2015

Broc

Ile du Broc
De la rive, elle présente l’aspect échevelé des bouts de terre retournés à la nature, si loin au cœur de l’Adour et pourtant à quelques encablures de la vie humaine. L’île de Broc impose par son aura sauvage et inaccessible. A la frontière des terres landaises, l’île s’allonge en pointe de flèche vers l’aval sur cinq hectares, dans un élargissement du lit du fleuve. Située sur le territoire de la commune d’Urcuit, l’île de Broc se révèle relativement ancienne : déjà représentée sur les cartes de Cassini au XVIIIe siècle. Ses rives, abruptes et recouvertes d’une végétation dense, n’encouragent pas à pénétrer plus avant. Sur sa pointe aval, une longue plage de sable sédimentaire fait la joie des canards et autres oiseaux du fleuve.

En approche
Un ancien ponton, basculé par le temps, indique le lieu où habitants et visiteurs pouvaient accoster. Un platane au tronc massif, taillé en têtard, veille au-dessus du fleuve sur la rive gauche. Après avoir franchi une clairière à la végétation rase, on peut discerner les vestiges d’une ferme, avalée par une végétation luxuriante.
Ruines de la métairie
Cette métairie, érigée dans la première moitié du XIXe siècle, fut abandonnée au cours des années 40. Désormais, l’île devenue sauvage, est un paradis vert pour la faune et la flore des milieux humides.

Iscle
Tombé « en Amour » pour ce lieu, je lui ai consacré un nouvelle, « Iscle », aux éditions de la Crypte.
 

dimanche 15 mars 2015

La galupe d'Audon

Non ! Elle ne paie pas de mine cette galupe, enchâssée dans les rives de la Midouze, je vous l’accorde. Mais l’étiage estival nous a permis de la retrouver à quelques centaines de mètres de la confluence Midouze-Adour. Petit résumé :

Patrick Lamaison à droite et moi-même
L’emplacement de cette épave, connue depuis des dizaines d’années par les pêcheurs locaux, nous a été indiqué par l’un de ces derniers. Il nous apparaissait intéressant, toujours dans la démarche d’un inventaire le plus exhaustif des embarcations de l’Adour, d’en assurer un relevé d’architecture afin d’identifier ce bateau fluvial. L’épave est enchâssée dans la rive gauche de la Midouze, en amont de l’ancien port de Audon au lieu-dit « Téoulère de Bas ». Deux tiers de l’architecture de l’embarcation sont apparents en période d’étiage, le restant étant sous les eaux. En période hivernale, l’embarcation est quasiment immergée. Un nombre important de macro-déchets, portés par le courant, en tapisse le fond. On peut noter que le chemin de halage originel desservant Tartas au Hourquet (confluence de la Midouze et de l’Adour) se situe sur la rive droite de la rivière. L’embarcation a perdu, avec le temps, sa proue et sa poupe. De par les fluctuations saisonnières de hauteur d’eau, les portions de coque visibles sont fortement dégradées. On peut cependant distinguer la présence, côté tribord, d’une amorce de bordage assemblé à clin. On note la présence de vingt-et-une fortes membrures de 3,15 mètres de long pour les plus importantes, espacées d’une quarantaine de centimètres. Des allonges verticales y sont boulonnées (allonges accueillant les planches de bordage). Pour définir sa taille supposée, il a été nécessaire de dégager la proue de l’embarcation pour en retrouver ses extrémités. En l’état actuel, les vestiges approchent des 13,10 mètres de long pour une largeur avoisinant les 4 mètres. La poupe étant fortement dégradée, l’ « Escapuchot » (pont de manœuvre) a disparu avec le temps.
Restitution de la galupe
Cette embarcation est sans conteste une petite « galupe » ou gabare, circulant entre Mont-de-Marsan et Dax. Ces embarcations de transport pouvaient mesurer de 9 à 17 mètres de long. La « galupe » d’Audon est vraisemblablement un modèle intermédiaire d’une quinzaine de mètres de long. La capacité de charge pour ce type d’embarcation variait de 20 à 35 tonneaux. Ces « galupes » transportaient des cargaisons de vins, eaux de vie et grains en voie descendante et du sel lors de la remontée. Cette embarcation a dû être laissée en l’état par son dernier propriétaire, lors de l’abandon progressif de la navigation sur la Midouze au tout début de XXe siècle. Cette épave de « galupe » est un modèle courant d’embarcation fluviale de commerce de l’Adour, dont il n’existe aujourd’hui plus aucun modèle connu.